FFME iMag - Le magazine de la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade - 8 : Mars 2016

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Serge Delacquis présente l'Altiplume, le premier ski de ski-alpinisme développé par la marque
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Voilà à quoi ressemble le coeur du ski de compétition en ski-alpinisme : un noyau en mousse entouré de carbone.
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Xavier Gachet avec aux pieds, les chaussures Pierre Gignoux
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Le ski-alpinisme

Un matériel toujours plus performant

Des skis dont on a divisé le poids par deux. Des chaussures qui ont subi au moins le même sort. Vous voulez comprendre l'évolution des performances en ski-alpinisme ? Commencez par vous intéresser au matériel qui les a accompagnées.

Le calcul est simple : entre la première Pierra Menta et sa 30e édition cette année, les skis utilisés par les skieurs-alpinistes ont perdu plus de la moitié de leur poids. Voilà qui résume en une équation simple trois décennies de recherche et développement des plus grands équipementiers de la discipline. Ou presque. Car Serge Delaquis – technicien du ski-alpinisme chez Dynastar – n'y va pas par quatre chemins : « ici, le juge de paix c'est le poids. »


Serge Delaquis s'occupe de la relation avec les athlètes pour la célèbre marque française depuis la naissance du département ski-alpinisme. Il connait ce milieu et son matériel sous toutes ses coutures. Il se souvient : « très vite – dès la 3e ou la 4e édition de la Pierra Menta – certains des meilleurs athlètes français sont venus nous voir pour nous demander une chose : développer du matériel plus léger. »


Ces athlètes s'appelaient Thierry Bochet et Francis Bibollet. Et ils furent parmi les premiers skieurs-alpinistes de haut niveau à avancer vers la professionnalisation et à oeuvrer pour l'amélioration de leur matériel. Et pour cause : à cette époque, les skis utilisés pour la compétition pesaient près de 1,6kg chacun, pour un poids total de presque 2kg avec les fixations. Depuis, de nombreux athlètes ont apporté leur expertise pour encourager les équipementiers à baisser radicalement ce chiffre. Et ils ont réussi.



Pierra Menta 1991 par lapierramenta


« Pour les skis, nous sommes arrivés au poids minimum »

Les années passent alors dans l'univers de la compétition de ski-alpinisme, mais les besoins de ses principaux acteurs eux ne changent pas beaucoup : il faut faire encore plus léger. Alors on raccourcit les skis pour se limiter à la taille minimum imposée par la Fédération internationale, l'ISMF. 1m50 pour les femmes, 1m60 pour les hommes. Et pas un centimètre de plus.


Mais cela ne suffisait pas. Alors ils ont cherché des matériaux plus léger pour constituer le noyau du ski : le carbone n'allait pas tarder à entrer dans le jeu. « Son apparition a changé beaucoup de choses, on a passé un vrai cap dans la réduction du poids. Il a aussi changé complètement la donne dans la composition du ski », poursuit le technicien. Car le carbone n'a pas que des qualités : il est cassant, il est cher à l'achat et il ne se manipule pas bien. « Pour compenser le premier défaut, on lui a ajouté de la fibre de verre. C'est aujourd'hui l'association de ces deux éléments qui fait nos skis de ski-alpinisme


Une association qui doit répondre à une contrainte : être le plus léger possible sans pour autant perdre trop en solidité. « C'est un compromis que nous faisons, car la course à la perte de poids fragilise le ski, c'est indéniable. » L'objectif de l'époque ? Passer en dessous du kilo par ski. « Mes premières planches de compétition faisaient 1,2 kg, et on avait déjà fait quelques progrès », se souvient Pierre Gignoux, grand compétiteur de la fin des années 90.


Un objectif que les équipes de développement de Dynastar mettront plus d'une décennie à atteindre et qui profitera à l'ensemble de la famille du ski de randonnée : « à l'heure du bilan, nos ventes de ski de compétition en ski-alpinisme sont anecdotiques en volume. Mais elles ne le sont pas quant à réfléchir en terme de qualité : les innovations techniques du ski-alpinisme profitent aujourd'hui à l'ensemble de nos gammes dont une des grandes améliorations de ces dernières années a été la réduction drastique du poids », explique Laurent Richard responsable France pour Dynastar.


Et cela n'a pas été sans effort : « assembler le ski de ski-alpinisme n'est pas chose aisée : seuls certains techniciens sont habilités pour le faire. Cela se fait encore à la main pour les skis des compétiteurs et demande à ce que chaque élément soit pesé en amont... Même la colle qui va fixer l'ensemble », complète un des ingénieurs de la marque qui passait par là.


Le poids minimum, une quête sans fin ? Et bien non ! Car voilà deux ans maintenant que les équipementiers sont parvenus à proposer des skis tellement légers qu'ils atteignent les seuils minimums imposés par l'ISMF. « Il y a même eu des concours de circonstances où les athlètes ont été obligés de lester leurs skis car ils étaient en infraction avec le règlement. » Un paradoxe. Aujourd'hui, un ski de compétition fait – fixation comprise – 750g pour un homme et 700g pour un femme : « Nous sommes prêts à suivre l’évolution de la réglementation quand elle surviendra, techniquement nous pouvons désormais passer sous les 750g… », affirme Serge Delacquis.


Reste-t-il des champs d'amélioration ? « Bien sûr, nous travaillons toujours pour optimiser la solidité du matériel. Nous essayons aussi d'améliorer sa skiabilité. » Et ce n'est pas une mince affaire ! Avez-vous déjà essayé de descendre avec du matériel de ski-alpinisme ? « Je n'appelle même pas ça descendre », s'amuse le technicien, « mais perdre très rapidement de l'altitude. » Il est pourtant indéniable que certains athlètes sont devenus maîtres dans l'art de manier ces drôles d'engins ultra-légers, « une année, nous avons fait tester aux athlètes des skis un peu paraboliques, pour leur permettre d'engager plus facilement leurs courbes. Cela ne les a pas convaincus : ils ont déjà développé une stratégie de descente optimale en fonction de ce matériel très spécifique. On ne devrait pas révolutionner le secteur. »


Les skieurs-alpinistes sont aussi de fins bricoleurs

Car dans le ski-alpinisme, il faut prendre en compte une dimension très particulière : les skieurs-alpinistes sont passés maîtres dans l'art de la « bidouille ». « Encore aujourd'hui, tu ne gagnes pas de médaille dans cette discipline sans être un bon bricoleur. Les athlètes passent beaucoup de temps à optimiser leur matériel. Du système de fixation des peaux, au fartage, jusqu'au dispositif d'accroche sur le sac. Il y a certains aspects où on ne cherche même pas à faire mieux, on les laisse faire », explique Serge Delaquis.


Pour preuve, certains anciens champions de très haut niveau sont par la suite devenus des développeurs de matériels. C'est le cas du célèbre Pierre Gignoux, qui est passé des podiums mondiaux à la création de sa propre marque de chaussures de ski-alpinisme. Des chaussures portées aujourd'hui par les meilleurs athlètes de la discipline.


« J'ai toujours travaillé sur le matériel ». D'abord en essayant d'optimiser l'existant, « on faisait des trous partout dans les chaussures pour essayer de les alléger », raconte l'ancien compétiteur. « Puis, parce que j'aimais ça, je me suis mis à développer mes propres chaussures. Je faisais alors deux paires par saison, une pour moi, une pour mon coéquipier. » C'est en voyant de plus en plus d'athlètes intéressés par son matériel que Pierre Gignoux a décidé à la fin de sa carrière sportive de se dédier entièrement à la création de sa propre marque de chaussures et de fixations. « On produit aujourd'hui les plus légères au monde : leur poids – 500g le pied pour les chaussures – a été divisé par 2,5 par rapport au matériel que j'utilisais il y a 15 ans. »


C'est encore une fois la fibre de carbone qui permet ce tour de force : « on arrive grâce à ce matériau à allier solidité et légèreté. » Là encore, cette recherche du poids minimal atteint les limites fixées par l'ISMF : 500g par pied pour les chaussures, pas moins. « On pourrait faire plus léger sans aucun problème. Mais la réglementation étant ce qu'elle est, on est bloqué pour le moment », affirme le chef d'entreprise, qui assure utiliser lui des chaussures à moins de 500g pour ses sorties. « C’est aux fabricants de prouver que les poids planchers peuvent baisser ; quand la démonstration sera faite avec du matériel réellement fiabilisé, les poids planchers baisseront à nouveau d’un cran » réagit de son côté Olivier Mansiot, représentant de la FFME au sein de la commission règlement de l’ISMF.


Quels peuvent encore être les améliorations alors ? « Optimiser encore un de nos points forts qui est à mon sens la progressivité sur l'appui tibial, autrement dit la flexibilité de la chaussure. On travaille aussi sur le confort, l'ergonomie... Il y reste heureusement d'autres champs d'exploration que la seule quête de légèreté. »

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