Des caractéristiques reconnues
Les chiffres tout d’abord parlent d’eux-mêmes, avec une importante proportion de féminines à la FFME, en constante progression, avec 40,09% de femmes en saison 2013-2014, contre 39,93% sur l'année précédente. A noter que chez les moins de 18 ans, la répartition est de 46,3% de femmes pour 53,7% d’hommes.
La FFME est fière d’offrir, et ce depuis toujours, une mixité dans toutes les activités, pour tous les publics et pour toutes les formes de pratique, à tous les niveaux de la fédération. En effet, dans nos six activités, alpinisme, canyonisme, escalade, randonnée de montagne, raquette à neige et ski-alpinisme, femmes et hommes pratiquent sur les mêmes sites, dans les mêmes temps.
Cette mixité se retrouve à tous les échelons de la fédération, que l’activité soit organisée par le national, par ses structures déconcentrées (comité régional ou départemental) ou par les clubs. Les créneaux, sorties et stages sont majoritairement organisés avec mixité. Cette mixité se retrouve également à tous les âges, tous les niveaux de pratique, toutes les formes de pratique : jeunes, adultes, seniors, pratiquants en situation de handicap, pratiquants loisir ou compétiteur, débutants ou experts, femmes et hommes pratiquent ensemble.
Une mixité dans le plus haut niveau de pratique
Escalade
Les différentes équipes de France d’escalade ou de ski-alpinisme, hommes et femmes, jeunes et seniors, s’entraînent de concert. Le même entraîneur s’occupe, dans le même temps, des femmes et des hommes. Par ailleurs, les différentes compétitions d’escalade femmes et hommes se déroulent dans les mêmes lieux et aux mêmes dates. Les voies proposées sont cependant différentes, le niveau maximal de difficulté atteint par les femmes étant légèrement inférieur au niveau maximal atteint par les hommes. Les classements sont donc séparés.
Ski-alpinisme
Les compétitions de ski-alpinisme se déroulent aux mêmes dates et le plus souvent sur les mêmes itinéraires avec un classement spécifique femme/homme.
Alpinisme
Deux équipes nationales d’alpinisme se côtoient, l’équipe féminine (ENAF) et l’équipe masculine (ENAM). L’objectif de ces équipes est de former des jeunes, femmes et hommes, à la pratique de l’alpinisme de haut niveau. L’ENAF et l’ENAM se préparent séparément et les expéditions sont différenciées. Une différenciation qui permet aux femmes de s’exprimer pleinement en alpinisme. En effet, il a été observé que dans le cas de groupes et de cordées mixtes en alpinisme, les femmes ont souvent tendance à occuper la place du second de cordée, faisant confiance au partenaire d’un niveau plus « fort ».
Du côté de la gouvernance nationale
Le conseil d’administration de la FFME est à stricte parité depuis 2009, et fait des choix fédéraux visant l’égalité femme/homme. L’exemple des primes aux athlètes, à résultat égal, sont depuis l’année 2000 d’un montant identique entre femme et homme. Par ailleurs, le service communication de la fédération est particulièrement vigilant quant à l’alternance homme/femme pour l’ensemble de ses communiqués et des publications fédérales.
Et pourtant…
Si la féminisation est ancrée de manière transversale dans notre fédération, certains éléments amènent à réfléchir.
Au niveau des postes à responsabilités
Si le conseil d’administration fédéral est à parité, les trois postes clés, président, secrétaire général et trésorier sont occupés par trois hommes, et parmi les élus participants au bureau, nous avons deux femmes vice-présidentes, Françoise Ducoeur et Juliette Payet, pour cinq hommes.
La gouvernance des structures déconcentrées, régionales et départementales, s’appuie sur des comités directeurs devant porter une représentativité des féminines proportionnelles à leur nombre de licenciées éligibles (+ de 18ans). Dans les faits, cette proportionnalité n’est pas toujours respectée. Par ailleurs, le nombre de présidentes de comité est très faible : Sur les 26 comités régionaux, nous ne comptons qu’une seule présidente (Béatrice Ferry, du CR Limousin) Sur les 96 comités départementaux, nous recensons onze présidentes.
En revanche, parmi les 10 clubs FFME les plus importants en nombre de licenciés, trois sont dirigés par des femmes dont l’Entente Sportive Massy Escalade, le premier club avec 707 licenciés.
Témoignage d’Aurore Ramos
36 ans, présidente fondatrice du club VayresTical (affilié en janvier 2014)
« J'avais déjà quelques petites expériences dans le milieu associatif, je connaissais donc l'investissement, le temps et l'énergie à fournir pour faire vivre une association. Ce qui est nouveau par rapport à mes expériences précédentes, c'est le niveau de responsabilité qui incombe à ce poste. Je dois être plus présente dans la gestion de mon équipe, amorcer et suivre les démarches administratives et comptables, et apprendre à déléguer. Sur ce dernier point, il me reste encore beaucoup de progrès à faire car j'ai tendance à tout vouloir faire moi-même, c'est sûrement mon côté « maman » qui ressort. Cependant, je ne me suis jamais posée la question « comment ça se serait passé si j’avais été un homme ! » Tout fonctionne normalement, et nous sommes partis de rien : l'association est toute nouvelle, nous n’étions que deux membres fondateurs porteurs de ce projet en novembre 2013, et tout était à faire : salle d'escalade, incarner les orientations de l'association, statuts, règlement, affiliation...Ma disponibilité et mon engagement envers les jeunes m'ont conduite au poste de présidente lors de l'AG constitutive en janvier 2014. Être femme au foyer m'a beaucoup aidé, car le temps passé dans toutes ces démarches est considérable. Côté famille, nous partageons tous le plaisir de grimper et participons tous à la vie du club. Ce qui nous permet de se retrouver à travers cette passion. Nous n'avons du coup plus beaucoup de temps pour nous. Le club prend souvent le pas sur nos moments de « repos ». Comme c'est la première rentrée, nous sommes en train de nous régler, et trouverons bientôt un équilibre entre le club et notre vie familiale. »
Au niveau des licenciés et de leur pratique
Si les 10 ans et moins affichent 47,7% de filles, on passe à 42,9% d’adolescentes pour les 15-16 ans, puis on tombe à 33,5% de jeunes femmes pour la tranche 19-20 ans.
Dans les activités de montagne, la proportion de pratiquantes féminines est élevée pour la randonnée (estivale et hivernale) voire majoritaire dans des clubs dont c’est l’activité dominante ou exclusive. Cette proportion décroit rapidement avec la technicité de l’activité : alpinisme et ski alpinisme se pratiquent majoritairement « entre hommes ».
Au niveau du corps arbitral
Le corps arbitral ne présente pas les mêmes caractéristiques de féminisation en fonction de la discipline pratiquée. Ainsi, en escalade, pour ce qui concerne les fonctions de juges et présidents de jury, pour tous les premiers niveaux, les femmes sont largement représentées. Leur pourcentage au 31 mars 2014 s’échelonne, de 32,24% pour les "juges de difficultés 1" à 44,44% pour les "juges de difficultés 3", le "président de jury de niveau 1" étant à 37,5% de femmes, puis les "présidentes de jury de niveau 2" passent à un taux de 16,67% de féminine.
Les "arbitres nationales" femmes constituent 25,58% des arbitres, et au niveau international, nous n'avons à ce jour qu'une seule arbitre française, Françoise Lepron. En revanche, pour ce qui concerne les fonctions d’"ouvreur de club ou de compétitions", 86,36% d’ouvreurs pour 13,64% d’ouvreuses.
A noter qu’en ski-alpinisme, les officielles sont rares.
Corps arbitral FFME en ski-alpinisme
Témoignages d’arbitres
Echanges avec Carole Majewski et Corinne Soudan, présidente de jury stagiaires.
Quelles raisons ont motivé cette prise de poste ?
Corinne Soudan : Tout d'abord maman de compétitrices, puis juge, c'est Franck (Chapet) qui a su trouver les mots pour me motiver pour ce poste. Mais par ailleurs, enseignante en économie - gestion et droit, tout ce qui est organisation et juridique (ou règles) m'intéresse. Carole Majewski : Après 15 ans de compétition en tant que compétitrice, j'ai voulu passer à autre chose. Ouvreur régional dans un premier temps, j'ai par la suite passé la formation de président de jury. Après avoir jugé sur les championnats du monde à Bercy, j'ai souhaité passer les juges internationaux. Présente sur pratiquement toutes les étapes françaises de coupe du monde, j'ai ainsi pu valider mes expériences rapidement.
Que vous apportent personnellement ces fonctions ?
CM : L'humain, la relations entre nous les juges, la fédération, les officiels de l'IFSC est vraiment enrichissante. Sur les étapes de difficultés de l'été (Chamonix et Briançon), on partage tous de beaux moments, sans discriminations aucune (je pense à nos petites dégustations de spécialités fromagères). CS : C'est beaucoup de plaisir de donner de mon temps pour qu'une compétition (officielle ou non) puisse avoir lieu et ce dans les meilleures conditions possibles. C'est aussi un esprit d'équipe dans le Rhône car nous sommes plusieurs président-e-s de jury à nous partager la tâche notamment pour le circuit non officiel de compétitions dans le Rhône.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées?
CS : Celles de jongler entre mes différents rôles : compétitrice (modeste), maman de compétitrices, présidente de jury, et présidente du CD 69. Il faut donc faire un choix en fonction des compétitions. En tant que présidente de jury, les difficultés me semblent être les mêmes pour un homme que pour une femme. CM : Effectivement ce n'est pas toujours facile, j'ai la chance d'avoir des collègues avec qui je m'organise pour pouvoir partir sur les compétitions. Après, côté féminisation, c'est encore un sport où la majorité des licenciés sont des hommes, cette tendance s'inversant je pense que l'on trouvera de plus en plus de juges ou de présidente de jury dans les compétitions à l'avenir. Sans compter qu’il y a déjà beaucoup d’officiels français sur les compétitions internationales. Difficile d’augmenter encore ce nombre par rapport aux autres nations ! Mais patience…la féminisation arrive !
Au niveau des cadres et des techniciens
Ici encore, la représentativité des cadres féminines est loin derrière la représentativité de nos licenciées de plus de 18 ans : Si les salariés de la fédération sont à une quasi parité avec 16 femmes et 15 hommes , les tâches ne se répartissent pas de manière harmonieuse. La majorité des hommes occupe des postes d’entraîneurs et de cadres techniques et une majorité des femmes est chargée de missions administratives.
Par ailleurs, le DTN est entouré d’adjoints et de directeurs de département : trois femmes travaillent avec six hommes dans ce petit groupe opérationnel. Si cette équipe est dans une mixité à 1/3 de femmes pour 2/3 d’hommes, la mixité des cadres d’Etat mis à disposition de la fédération interroge : 2 femmes, cadres d’Etat pour 15 hommes (1 DTN et 14 cadres masculins).