L'organisation du suivi médical des athlètes de haut niveau est prévu par décrets conjoints du Ministère de la Santé et du Ministère des Sports, il est d’ailleurs inscrit au règlement médical fédéral et dicté par des textes de référence (décrets du 11 février 2004 modifiés 16 juin 2006, repris par les articles A-231.1 à A- 231.8 du Code du sport).
Son objectif premier : préserver la santé des athlètes
« Il s’agit d’une véritable politique de santé au travail qui s’apparente à un suivi de professionnel du sport. Ses modalités sont similaires à la surveillance en vigueur dans la fonction publique territoriale, et notamment pour des équipes spécialisées (pompiers, GIGN), explique Pierre Belleudy, médecin fédéral de la FFME. On est en revanche loin de la médecine du travail d’employé de bureau. »
Un suivi réalisé par des spécialistes...
Il faut savoir que la fédération est tenue de mettre en place cette surveillance de santé, et elle doit donner aux athlètes les moyens de la faire. Ainsi, pour simplifier les démarches des sportifs de haut niveau (et pour leur éviter une avance de frais parfois coûteuse), la FFME a mis en place un système de bons de commande.
« Après, chacun est libre d’aller vers le médecin qu’il désire, précise Pierre Belleudy. Nous pouvons aussi orienter les athlètes qui ne savent pas à qui s’adresser, auprès des centres de médecine du sport dont certains nous connaissent bien nos sportifs et sont très spécialisés, notamment pour les dossiers des skieurs. »
A noter que les examens sont effectués par des médecins du sport en centres médico-sportifs dans 63 % des cas.
…et contrôlé par le médecin fédéral
Les dossiers (fiche de synthèse des résultats et les documents médicaux) sont ensuite envoyés au médecin fédéral, qui vérifie que les examens médicaux exigés sont complets, et que les résultats permettent la pratique intensive (entrainement et compétition) en toute sécurité.
« Il m’arrive d’avoir des résultats mauvais ou de constater une anomalie. Dans ce cas, je renvoie toujours vers le médecin traitant. C’est lui qui assure le suivi médical, car il connait l’athlète en question bien mieux que moi ! »
Les dossiers médicaux de chaque athlète sont conservés 30 ans (plus la majorité) dans le plus strict respect du secret médical, comme l’impose la réglementation.
Les examens prévus
Deux types d’examens sont répertoriés :
1 - Les examens obligatoires, préalables à l’entrée en liste (réservés à ceux qui candidatent pour les listes sportifs de haut niveau ou espoirs, (43 en escalade et 8 en ski-alpinisme en 2014, dont une dizaine seulement seront finalement retenus). Ils comportent : un examen médical effectué par un médecin du sport, un électrocardiogramme standard de repos avec compte-rendu, une échocardiographie transthoracique avec compte-rendu, une épreuve d’effort d’intensité maximale et un examen dentaire.
« Il est important de noter que sur cette cinquantaine d’athlètes, nous détectons chaque année en moyenne deux gros problèmes médicaux graves, et cinq ou six petites anomalies. Encore une fois, dans le cas de sérieux troubles, nous renvoyons les athlètes vers leur médecin généraliste, voire des médecins spécialistes ou experts dans un domaine particulier (cardiologue, ophtalmo, etc.) Dans ce cas encore, c’est la fédération qui prend en charge ces examens. »
2 - Le suivi régulier des athlètes inscrits en liste (162 athlètes en 2014 : 121 en escalade et 41 en ski-alpinisme), qui se compose de deux examens médicaux dans l’année par médecin du sport comprenant: un examen médical (un entretien et mesures anthropométriques, un bilan diététique, un bilan psychologique et une bandelette urinaire recherche de protéines, sucres, sang et nitrites), un électrocardiogramme standard de repos avec compte-rendu, un examen dentaire, un examen ophtalmologique (pour les skieurs seulement), ainsi qu’une épreuve effort cardiologique (tous les quatre ans).
Au bilan, cette année, 213 athlètes ont été suivis par la FFME (en examen d’entrée ou de suivi).
Budget alloué au suivi médical des athlètes de haut niveau
Examens supplémentaires, spécifiques à la FFME
Par ailleurs, la FFME, plus précisément pour les athlètes inscrits en liste ski-alpinisme, demande deux examens supplémentaires :
1 - Un suivi ophtalmologique annuel, en raison du risque traumatologique et de la souffrance particulière sur la rétine en altitude favorisant l’apparition de cataractes précoces. Cet examen est obligatoire et prévu à la réglementation.
2 - Une épreuve d’effort avec VO2 max annuelle, mise en place sur demande des entraîneurs de façon à pouvoir évaluer l’entrainement, la performance et l’état de forme des athlètes. Cet examen complémentaire est entièrement financé sur les fonds propres de la fédération au titre de l’amélioration de l’entrainement.
Principaux problèmes rencontrés pour la réalisation des dossiers
Le premier problème est la disponibilité des médecins (de moins en moins de médecins disponibles, notamment dans les vallées), car il ne s’agit pas d’un simple certificat médical. Il est parfois difficile d’obtenir un rendez-vous dans les délais. La perte des bons de commande, ou leur non acceptation, ou encore la non-application des honoraires conventionnés sont des soucis fréquents.
Exploitation des résultats médicaux
En cas de non validation du suivi
A la fin de chaque année, le médecin fédéral transmet au DTN, une liste qui l’informe de l’état de validité du parcours de tous les athlètes. Mais, la décision de maintenir un athlète en liste de haut niveau appartient au DTN. La seule non-réalisation du suivi médical de l’athlète ne peut pas être considérée comme une contre-indication médicale. Elle relève d’une éventuelle sanction administrative, sous l’autorité du DTN. « Cette conduite à tenir est très stricte, fixée par le ministère des sports », précise Pierre Belleudy.
En revanche, quand un examen met en évidence une anomalie il peut arriver que le médecin fédéral demande la suspension de l’entrainement d’un athlète, pour raison médicale. Cette procédure demande une parfaite confiance et cohérence d’objectifs entre le président, le médecin fédéral et le DTN. « C’est la grande chance que j’ai à la FFME, assure le médecin. Nous avons une façon de voir identique, et les mêmes positions tous les trois ».