« Dix ans après son premier rassemblement à Presles, la FFME Rhône-Alpes revient sur ce lieu mythique de l’escalade, célèbre dans tout le pays, mais aussi connu des grimpeurs du monde entier », raconte Fabien Picq, conseiller technique fédéral et co-organisateur de l’événement pour le comité régional Rhône-Alpes de la FFME.
Ce qui pourrait paraître anodin, « se réunir à nouveau à Presles », ne l'est finalement pas tant que ça. Car les organisateurs de la manifestation y tiennent : « il fallait que ce rassemblement se passe bien pour entériner le fait que les complications que l'on a connues sur la gestion de ce SNE mythique soient bien derrière nous. Nous avions à coeur de montrer que l'on pouvait y organiser un événement sans que cela nuise au lieu et aux autres occupants de ce milieu exceptionnel. Nous tenons d'ailleurs à remercier ceux qui nous ont accueillis et ceux qui nous ont fait confiance », explique Jonathan Crison, conseiller technique national présent sur l'événement.
Mais revenons en quelques lignes sur l'histoire et sur ce qui fait le site de Presles. Un morceau d'histoire, raconté justement par Fabien Picq : « depuis la première cordée en 1953 – qui au terme de plusieurs journées atteint le sommet de la voie des Buis – la paroi du Vercors a vu s’ouvrir plus de 300 itinéraires sur près de 15 secteurs. Les grimpeurs chargés d’un matériel lourd et encombrant qui venaient ouvrir au péril de leur vie des itinéraires angoissants ont laissé la place à des cinquantaines de cordées qui chaque week-end se rendent sur le site pour grimper des voies plus aseptisées. »
Le cadre du comité régional de poursuivre : « on trouve de tout à Presles, de l’artif, du terrain d’aventure, de la grande voie engagée sur plaquette de 10... Mais aussi des voies abordables et bien équipées. Ces voies se font de plus en plus nombreuses et elles permettent de s’initier sereinement à cette facette de l’escalade. Des secteurs de couennes ont récemment vu le jour ces dernières années comme Daladom ou Festival. Mais Presles reste avant tout le symbole de la grande voie, avec du gaz sous les pieds. »
Des difficultés de gestion du SNE depuis 2006
Mais, vous l'aurez compris, ce jardin d'Eden pour amateurs de rochers aux couleurs chaudes, connait des difficultés de gestion depuis 2006. Soucis d'accès, de parking, de coexistence entre les différents acteurs du lieu et c'est parfois jusqu'à la possibilité de continuer à y grimper qui était remise en question. « Durant la soirée, nous avons profité de l’intervention de quelques acteurs marquants de l’escalade à Presles pour se remémorer l’historique de la falaise mais aussi pour mesurer les enjeux locaux au sein du Parc Naturel Régional du Vercors », poursuit Fabien Picq.
Ainsi, entre autres interventions, Bruno Fara, grimpeur et ouvreur local emblématique, a su faire revivre avec humour et passion les débuts de l’escalade à Presles. De son côté, Ludovic Pin – président de l’association de gestion des falaises de Presles – a proposé une intervention sur la gestion de la falaise, qui est un exemple significatif des difficultés rencontrées sur le développement et l’équipement des SNE à travers la France. Sur le même point, Henri Jacques Sentis – maire de Choranche au plus fort des conflits d’usage – est revenu sur le contexte de l'époque.
Avec un objectif évident : appréhender le contexte passé pour assainir la situation dans l'avenir. « Aujourd'hui, ces difficultés sont pour la plupart derrière nous. C'est ce qui fait que ce rassemblement a été si spécial », témoigne Jonathan Crison.
Puisqu'il ne faut pas non plus l'éluder : « une rencontre réussie ! »
« Durant le week-end et malgré une météo mitigée, c’est près de 100 participants qui n’ont pas résisté à l’appel du caillou. 40 grimpeurs ont participé aux ateliers proposés en vue d’un apprentissage des techniques d’escalade sur plusieurs longueurs, de l’initiation au perfectionnement », raconte Fabien Picq. A la liste des ateliers proposés, on dénombrait aussi du perfectionnement en couenne pour les grimpeurs intermédiaires, des ateliers de validation de passeport (prérequis précieux d’entrée en formation initiateur et moniteur) et – surprise – un atelier portaledge.
« C'était la nouveauté de cette année : nous proposions à ceux qui le souhaitent d'expérimenter la nuitée sur la falaise, dans un portaledge, ces tentes suspendues utilisées en expéditions ou pour les très longues ascensions. On y mange et on y dort avec son baudrier, pour une nuit au dessus du vide », raconte Jonathan Crison.
Des réjouissances qui ont largement trouvé leur public et un résultat qui a convaincu : « on peut dire que l’événement est le fruit d’un travail de coopération à tous les niveaux et ça mérite d’être souligné », concluait Fabien Picq qui n'a pas manqué de saluer le travail exemplaire de Sylvain Lionel Houville (stagiaire DE pour le comité régional) et des 12 encadrants provenant des clubs de la région.