Dans l'univers du ski-alpinisme, tout le monde le connaît. Pierre Gignoux est une des références du ski-alpinisme français de la fin des années 90. Et il a beau être aujourd'hui un des grands acteurs du marché de la chaussure de compétition, l'ancien leader de l'équipe de France l'avoue lui-même : il est arrivé dans la milieu un peu par hasard... « À 26 ans un de mes amis qui organisait la TransMont-Blanc – une course de ski-alpinisme qui n'existe plus aujourd'hui – m'a invité à y participer. Mon truc, c'était le ski nordique, je n'avais fait qu'un peu de rando en loisir. Mais j'ai tout de suite accroché : l'ambiance, la montagne. J'avais une bonne condition physique grâce au fond : ça a vite fonctionné. »
On est alors en 1994. Et seulement deux ans plus tard, Pierre Gignoux entre en équipe de France. Le ski-alpinisme se limite à cette époque aux courses par équipe : « c'est l'essence du ski-alpinisme ! Même s'il est important qu'un circuit individuel existe aujourd'hui. Comment Kilian Jornet et Anton Palzer laisseraient s'exprimer leur plein potentiel sinon ? Il n'y a personne qui puisse les suivre dans leurs sélections nationales respectives ! ».
Pierre gagnera son premier titre européen en 1997 avec Francis Bibollet, les Championnats du monde n'existant pas encore c'était la consécration suprême (qui à cette époque pratiquait le ski-alpinisme en dehors de l'arc alpin ?). Rebelote deux ans plus tard avec Stéphane Brosse : ce même duo prendra une pénalité lors de l'épreuve continentale de 2001 – à cause d'un crampon perdu – privant le champion français d'un troisième titre consécutif.
Bien sûr, Pierre prendra aussi une ribambelle de médailles d'or en Coupe d'Europe, l'ancêtre de la Coupe du monde dont il remportera la première édition en 2004. Très bien Pierre, mais les longues distances dans tout ça ? « J'allais y venir : un de mes grands faits d'arme reste mon rôle d'éternel second sur la Pierra Menta », assume-t-il tout sourire. S'il la remportera bien en 2001, une autre légende du ski-alpinisme le privera 9 fois de l'or sur la mythique course beaufortaine. Fabio Meraldi a lui aussi marqué de son emprunte le ski-alpinisme de la fin des années 90 en remportant 10 fois la Pierra Menta (avec Adriano Greco puis Enrico Pedrini, sans oublier Thierry Bochet en 1995).
Mais Pierre n'en garde aucune amertume. Ses années dans le haut niveau, il les a vécues pleinement, « j'aimais profondément l'idée de performer dans une discipline sans subir les contraintes de l'athlète professionnel. Cela m'allait bien de faire autre chose à côté, je n'ai jamais voulu faire que ça. »
Quant à savoir si le milieu qu'il a quitté en 2004 en tant qu'athlète a aujourd'hui beaucoup changé à ses yeux, le créateur de la marque « Pierre Gignoux » assure que non, pas tant que ça : « certes, il y a un peu plus de compétiteurs qui arrivent à ne faire que ça. Mais cela concerne quoi 10, 15 athlètes dans le monde ? Nous restons un sport de niche, les choses évoluent lentement. » Quelque chose pourrait un jour accélérer la cadence ? « Peut-être, si l'on devient sport olympique un jour... »