S'il y avait certainement un message qu'Olivier Mansiot souhaiterait faire passer, il serait sûrement celui là : « dès que l'on sort des pistes sécurisées, il est indispensable d'avoir avec soit la « trilogie » DVA + pelle + sonde ! » Une trilogie ? « On pourrait même parler de pentalogie. Car au delà des trois éléments matériels, il faut aussi parfaitement savoir s'en servir (donc régulièrement s'entraîner) et surtout tout faire pour éviter d'être contraint de les utiliser. »
Il est tout aussi important de bien connaître son DVA et de régulièrement s'entraîner à son utilisation en mode « recherche », que de l'avoir avec soi lorsque l'on pratique. Et il faut non seulement remettre à jour régulièrement ses compétences de recherche d'une victime, mais aussi s'entraîner à faire des recherches « multi-victimes ».
Quitte à parler de DVA, autant mettre un peu les mains dans le moteur. On lui a demandé à Olivier, quelle technologie il privilégie ? « Sans hésiter un DVA tri-antenne. Aujourd'hui il n'y a pas photo, c'est vers ce type d'appareils qu'il faut s'orienter. » Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, quelles sont les options ? Deux grandes familles de dispositifs existent : les mono et le tri antennes. La première catégorie reste moins onéreuse à l'achat, et c'est pour des néo-utilisateurs son seul atout. En effet, le tri-antenne est à deux égards au moins nettement supérieur et largement recommandé. Pour des nouveaux utilisateurs, mais aussi pour des pratiquants expérimentés.
Premièrement, ce dernier dispositif propose une interface beaucoup plus facile à prendre en main et à utiliser en mode « recherche » pour un débutant. Car le mono-antenne impose à son utilisateur d'interpréter l'information que lui présente son appareil. De faire soi-même l'analyse du message reçu : l'appareil donne l'intensité du signal qu'il réceptionne depuis le dispositif de la victime. Il faut donc tester les différentes directions pour voir où l'intensité baisse et où elle augmente, afin se diriger au bon endroit. Grâce à un micro-processeur, le tri-antenne interprète pour vous ce signal, qu'il matérialise sur l'écran par une flèche directionnelle très réactive par rapport à votre positionnement. Il ne reste finalement qu'à suivre cette flèche. Après quelques minutes d’utilisation on maîtrise correctement son tri-antenne, quand il faudra plusieurs heures d’apprentissage pour arriver au même résultat avec un mono-antenne.
Autre amélioration de taille entre les deux technologies, la recherche multi-victimes. Les dispositifs à trois antennes permettent de réceptionner plusieurs signaux en même temps, de les identifier et d'en isoler – voire d'en neutraliser un – lorsque la victime en question a été retrouvée. C'est une fonctionnalité que ne proposent tout simplement pas les mono-antennes.
Deux avantages indéniables qui ont conduits l’ISMF et la FFME à rendre les tri-antennes obligatoires dans les compétitions internationales à l'horizon 2017, et nationales d'ici 2020.
S'entraîner à la recherche pour agir vite
Reste qu'une fois votre tri-antenne positionné bien en évidence sous le sapin de Noël, faut-il encore prendre le temps de s'entraîner à son utilisation dans la recherche d'une et de plusieurs victimes. Les études ont prouvé que si la victime de l'avalanche n'a pas subi de choc trop violent, les « chercheurs » ont un laps de temps de 15 minutes pour retrouver la personne ensevelie et la tirer d'affaire. Au delà de ce délai, les chances de sortir la victime en vie diminuent drastiquement.
Quinze minutes, ce n'est pas long, surtout si on prend en compte le temps de se mettre en place, d’organiser, la recherche, de sortir la pelle, de monter la sonde, de reprendre ses esprits et d’analyser la situation…. Alors il faudra non seulement agir de façon organisée et coordonnée, mais surtout être au point sur l'utilisation de son matériel : pour tenir le délai de 15 minutes en cas d’accident, il faut être capable de trouver une victime en moins de 5 minutes en situation d’entraînement. Et pour cela, de nombreuses formations existent dispensées par la FFME.
Quelques lignes directrices incontournables en cas d'avalanche. Il va sans dire que ces priorités d'action ne se substituent en aucune manière à la participation à une formation complète. Mais Olivier Mansiot tient tout de même à rappeler quelques évidences : « lorsque que l'accident survient, la réponse du groupe doit être immédiate et surtout coordonnée. Tous les participants placent immédiatement leur DVA en mode recherche. Pendant qu'une personne sera tout de suite en charge de prévenir les secours, le reste des témoins commencent immédiatement les recherches. On regarde en premier lieu si « des indices de surface » ne permettent pas de repérer une ou plusieurs victimes. Ensuite, les plus habiles à l'utilisation du DVA commencent la recherche. Les autres préparent le montage des sondes et des pelles. »
Quid des autres éléments matériels ? Puisque que l'on est équipé de la trilogie DVA-pelle-sonde, le système RECCO n’est pas utile à priori, mais ce sera un atout salvateur en cas de panne d’émission de votre DVA. Alors pourquoi s’en priver ?
Que penser ensuite du sac ABS ? « C’est un matériel qui a démontré son efficacité. Il n’y a pas de doute. Les bémols ? Son poids et son coût », explique le conseiller technique national.
Mais surtout le cadre de la fédération entend insister sur un point essentiel : « à l'instar de tous les équipements de sécurité, le sac ABS ne doit pas être la caution à plus d’engagement. Il est simplement un joker de plus en cas de problème, mais ne doit surtout pas légitimer une prise de risque plus importante. »
Enfin, on ne le rappellera jamais assez, mais le casque est aussi un élément de sécurité incontournable. Il est recommandé sur toutes les sorties : quand on sait que 90% des accidents à skis sont le résultat de chutes, on comprend aisément que le casque doit lui aussi faire partie intégrante de votre équipement. En cas d’avalanche, il vous protégera de nombreux chocs également…. Il vous reste un peu de place sous le sapin ?