FFME iMag - Le magazine de la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade - 4 : Mars 2015

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4-dossier-Gestion-Aurore-Ramos.jpg Aurore Ramos, présidente du club en séance baby escalade
4-Dossier-gestion-des-clubs-1.jpg Prises démontées et mur nettoyé.
4-dossier-Gestion-des-clubs-2.jpg Création des nouveaux blocs.
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Quand les adhérents s'y collent !

Gestion d'une SAE par les pratiquants

L’ouverture est parfois un casse-tête pour certains clubs. Quand les plus gros ont des ouvreurs salariés, d’autres se saignent une ou deux fois par an pour faire renouveler leurs voies par des pros, et enfin, les plus modestes se reposent entièrement sur quelques adhérents motivés. Pourtant, il suffit d’un peu d’imagination (et de joyeuse motivation) pour créer une dynamique d’ouverture à moindre coût dans un club, et d’obtenir des voies de plus en plus riches, en gestuelles, et en émotions.

Voici l’exemple inspirant du tout jeune Club VayresTical (33), qui nous présente ses astuces, explique ses limites… et confie ses projets !

Rencontre avec Aurore Ramos, présidente du club


Comment gérez-vous l’ouverture dans votre club ?

L'ouverture est principalement réalisée par Victor Lemesnager, l'entraineur du groupe compétition, qui s'est proposé naturellement depuis le début de l'ouverture du club, en septembre dernier. Nous reconnaissons tous que ce n'est pas une tâche facile, et pour effectuer ce travail dans les meilleures conditions, il sait s'entourer de ses jeunes compétiteurs.


A quelle fréquence les voies sont-elles changées ?

Pour l'instant nous essayons de ré-ouvrir les voies à chaque vacances, car ce sont les seuls moments où le club est fermé. Il nous faut environ une journée pour démonter et nettoyer, puis deux à trois jours pour la réouverture complète des voies.


Quelles difficultés rencontrez-vous du fait de ce mode d'ouverture?

Les difficultés rencontrées commencent déjà sur les disponibilités de chacun. Puis, sur les spécificités de chaque public : ouvrir aussi bien pour nos babys, que pour nos adolescents, nos compétiteurs et nos adhérents loisirs jeunes et adultes. Le plus facile serait de faire venir un ouvreur extérieur, ce qui nous permettrait d'avoir une vision plus large de notre structure, des moyens à utiliser pour s'adapter plus facilement aux niveaux de nos adhérents et d'ouvrir avec une plus grande diversité, le budget reste un obstacle, nous y réfléchissons.


Quels bénéfices en tirez-vous ?

Notre fonctionnement actuel nous permet de faire évoluer notre structure sans frais. C’est également fédérateur, formateur et valorisant pour nos jeunes qui s'investissent dans l'ouverture. L’ouverture chez nous est un moyen d'échange, de partage et de communication. Et nous sommes ravis d’observer l'agréable surprise de tous nos grimpeurs qui découvrent les voies à chaque rentrée… et les fous-rires et commentaires dans les essais des nouvelles voies.


Comptez-vous vous former à l'ouverture ?

Pour l'instant, étant dans la première année d'exercice, nous n'avons pas d'ouvreur officiel. Notre budget formation s'est orienté en premier lieu sur nos besoins nécessaires pour le bon fonctionnement de l'association : deux juges, trois initiateurs SAE, un entraîneur niveau 1 pour avril, et deux initiateurs SNE en juillet. Mais dès que le budget le permettra, nous envisagerons de former nos jeunes et nos encadrants à l'ouverture. Un investissement qui nous permettra d'ouvrir dans un temps plus court, de permettre une ouverture plus fréquente des voies et pouvoir s'adapter, en permanence, aux progrès de nos adhérents. A savoir que nous avons une tranche d'âge qui varie de 3 ans à 50 ans.


Interview de Victor Lemesnager, entraîneur du club


Qui vous accompagne dans ces ouvertures ?

Ils étaient trois jeunes de l'équipe compétition (dont un initiateur SAE), ainsi qu’un ancien grimpeur de compétition, à m’aider sur les dernières ouvertures. Nous avons ouvert 53 blocs dans la salle d'escalade.


Dans quelle fourchette de difficulté ouvrez-vous ?

Nous avons essayé de proposer des passages allant du 3+ au 7/8. Certains blocs n'ont pas de cotation, car nous n’avons pas forcément la capacité de les coter avec justesse dans les plus hautes cotations. Nous avons donc quelques "projets" qui seront, je l'espère, réalisés et ainsi cotés dans quelques semaines, ou quelques mois. Le fait que l'on soit plusieurs nous a permis d’échanger, de partager, et donc d'avoir des idées et des styles de blocs différents. C’est une bonne chose pour nos adhérents, qui ont plus de chances de s'y retrouver.


Quelles difficultés rencontrez-vous ?

La difficulté majeure rencontrée fut au départ mon manque d'organisation (rires). C’est vrai que je m'étais mis pas mal de contraintes et d'objectifs. Puis, une fois la tête dans le guidon, on oublie pas mal de choses. La prochaine fois, je mettrai noir sur blanc les objectifs à atteindre afin que tous ceux qui participent à l'ouverture puissent vraiment s’épanouir et que le résultat final soit cohérent pour nos adhérents.

Les ouvreurs étant compétiteurs, nous avons eu tendance à ouvrir un peu en nous faisant plaisir. Le plus dur, c'est d'arriver à ouvrir pour les autres, en pensant que ce qui nous semble facile ne l'est pas forcément pour tout le monde. En effet, nous avons eu pas mal de surprises en voyant des blocs poser des problèmes alors qu'ils ne le devaient pas. Nous n'avons pas (encore) de formations particulières, et ça s'est ressenti.

Ouvrir des passages pour les tout petits (3-6 ans) par exemple est une réelle difficulté. Quand on ne les côtoie que très peu, on ne se rend pas compte de leur taille. Il a donc fallu réajuster pas mal de passages pour qu'ils puissent évoluer sur le mur.


Quels avantages avez-vous remarqué ? Quels bénéfices pour les jeunes ouvreurs ?

Les jeunes se sentent investis et impliqués dans la vie du club et voir des personnes grimper dans leurs réalisations leur apporte une très grande satisfaction. Personnellement, c’est un super exercice d’imagination qui permet de penser à plein de gestes lors des lectures en compétition.


Avez-vous une anecdote à partager sur l'une de ces ouvertures ?

J'ai ouvert un bloc avec des toutes petites prises pas très agréables. Le bloc est compliqué dans la lecture, et pour trouver les meilleures préhensions. Une fois fini, un jeune vient me demander de le passer. Pour le motiver un peu, je lui propose de lui donner mes chaussons s'il le sort du premier coup. J'étais sûr de moi. Qu'elle ne fut pas ma surprise de le voir évoluer sans difficulté jusqu'au dernier mouvement, et toucher la dernière prise. Après plusieurs grimpeurs, il s'est avéré que la dernière prise était intenable… et j’ai bien failli perdre mes chaussons...


Rencontre avec un de ces jeunes ouvreurs du club, Simon Le Guen (19 ans)


Ces journées d'ouverture te plaisent-elles ?

Refaire des voies/blocs est très sympa, car nous nous lançons des défis entre nous, jeunes et entraîneur, et les échanges sont d’une dimension différente. Chaque voie pour un nom, nous sommes tous égaux !


As-tu l'impression de progresser dans ton escalade quand tu ouvres ainsi ?

Oui, on cherche toujours à se mettre en difficulté dans la technique ce qui est enrichissant, et nous développons même la partie physique à force de répéter les essais… c’est surtout la charge de travail qui est physique dans la durée.


Penses-tu passer des diplômes dans l’ouverture ?

Je suis déjà initiateur SAE, je suis dépendant du budget du club, mais je pense me tourner vers l’ouvreur niveau 1 et niveau 2, et à terme, passer le DEJEPS mention escalade.

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