Rien n’est plus courant et anodin aujourd’hui que de croiser, dans un parc, dans les rues, ou dans un club de fitness, des femmes seules ou en groupe, qui s’offrent une petite séance de sport. Nous les retrouvons d’ailleurs dans tous les échelons sportifs, de la joggeuse matinale à l’athlète de haut niveau, dressée en star par les médias et un public conquis.
On n’en oublierait même qu’une cinquantaine d’années en arrière, les choses étaient bien différentes. Et que le « combat », pour en arriver à ce qui est aujourd’hui encore « une parité théorique », fut intense.
Historique des femmes dans le sport
Au cœur des Jeux Olympiques
En 1896, à Athènes, s’affirme la renaissance des Jeux Olympiques (JO). Pierre de Coubertin déclare immédiatement : « Techniquement les footballeuses ou les boxeuses qu’on a déjà tenté d’exhiber ça et là ne présentent aucun intérêt, ce seront toujours d’imparfaites doublures. ». Et plus tard : « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. ».
En 1922 pourtant, une olympiade féminine est organisée, puis, en 1928, en dépit d’un avis défavorable de l'imaginaire collectif, le Comité International Olympique se prononcera pour l’admission des femmes aux JO.
A cette époque en effet, le sport, considéré comme lieu d’expression du courage et de la virilité, semble être un espace social propice à la construction des identités masculines.
Une pratique timide dans l'hexagone
Si la pratique d’une activité sportive se développe en France à la fin du XIXe siècle, elle reste réservée à la gente masculine. Il faudra attendre la fin de la première guerre mondiale pour que les femmes soient « tolérées » dans quelques pratiques, considérées sans véritable justification comme des sports féminins.
Parmi elles d’ailleurs, l’alpinisme, très tôt féminisé (comme la plupart des disciplines se déroulant loin des regards et des centres urbains) est un exemple frappant. La gymnastique, la danse et la natation qui respectent des normes de la santé et mettent en valeur l’esthétique et la beauté des femmes se développent en parallèle. Le tennis, l’équitation ou encore l’escrime, pratiqués par des femmes au sein de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie, sont en revanche dénués de toute orientation compétitive.
Une évolution lente
En dépit de ces premières compétitrices, véritables pionnières des stades, les représentations ségrégationnistes, qui touchent initialement le sport féminin, ont la peau dure. Aujourd’hui encore, l’opinion a tendance à continuer de penser que les femmes doivent plutôt pratiquer des activités qui développent l’esthétique et la santé, et des activités sans chocs ni violence.
« Bien que les sports présumés les plus appropriés aux populations féminines aient considérablement évolué et n’aient plus grand-chose à voir avec les caractéristiques de leurs premières années, ils demeurent aujourd’hui les plus investis par les femmes. Les fédérations de sports olympiques où la présence des françaises est la plus importante sont celles dans lesquelles les stéréotypes de la féminité fonctionnent le mieux : la gymnastique sportive (76% de femmes) et les sports équestres (66%) », informe le Pôle Ressources National SEMC, dans son outil pédagogique : « Les frises historiques ».
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« C’est un outil conçu pour mesurer la distance parcourue par les femmes… et les hommes, depuis le XVIII ème siècle, mais aussi pour évaluer le chemin qu’il restera à parcourir à chacun d’entre nous pour tendre vers l’égalité, affirme Stéphanie Cornu, du Pôle de ressource national SEMC. Marquer de repères les évolutions majeures ou anecdotiques de la place de la femme dans la société contribue à comprendre plus finement le sport d’aujourd’hui. »
Sources : Pôle Ressources National SEMC