Charlie Buffet, en dix chapitres et une centaine de page nous brosse un aperçu historique, littéraire, sportif, social, et rajoutons exhaustif, de la montagne symbole de l’alpinisme : le mont Blanc (le Cervin et l’Everest ont encore du mal à l’avaler...). Depuis son invention en 1741 par un colonel et un évêque, anglais les deux, le mont Blanc, trois siècles plus tard continue d’exister, fier et imperturbable depuis son sommet : c’est un succès télévisuellement certifié chaque été. Panorama, foule de touristes attendant patiemment la benne de l’aiguille du Midi ou le train de Montenvers, interview de guides de haute montagne et notables. Et secouristes. Car il n’est pas abusif de dire que ce succès se bâtit sur le retentissement donné aux accidents qui ne manquent pas d’animer ses pentes : « Les drames n’arrêtent pas les candidats au mont Blanc, au contraire ! », « Dans notre société de zappeurs et e-consommateurs, [...] pour exister, il faut faire un truc de masse, quelque chose qui ait un nom. » On fait donc le mont Blanc parce qu’aller en montagne, oui. Mais il faut que cela ne soit pas n’importe où, et que cela en jette un max.... Alors quitte à cracher ses poumons ou y laisser les plumes, on y traîne les guêtres, avec des caméras vissées sur les casques pour partager les tremblotantes séquences sur les réseaux sociaux et épater le cousin qui a cramé à la plage... Le mont Blanc : un beau babel.
Édition Guérin, 2014, 110 pages, 12 €