Quelles ont été les principales difficultés rencontrées durant ces cinq années?
La première étape de ce projet fut la contractualisation de cette SAE, dans le cadre d’opérations de maitrise d’ouvrage qui se sont avérées extrêmement complexes. Le président You a signé, en décembre 2013, 150 pages de contrat liant la fédération aux différentes sociétés avec qui nous allions travailler. Il faut savoir qu’il s’agissait de la 62e version de ces 150 pages, discutées et argumentées pendant deux ans, pour pallier à des subtilités juridiques et économiques particulièrement ardues. A noter également que ces 150 pages s’intégraient au cœur du contrat de 7 000 pages signé entre le ministère de la Défense et le groupe Vinci. Bref, un travail considérable, impliquant les premières difficultés, du simple fait de ce partenariat entre public et privé. Les grands groupes financiers tels que Vinci n’ont pas l’habitude de travailler avec des fédérations. La raison d’être est différente, et nous avons vécu une belle confrontation de deux mondes, particulièrement complexe et en même temps extrêmement riche intellectuellement.
Puis, vous avez commencé les travaux à proprement parler ?
Et avec eux est venue la deuxième vague de difficultés, liée à l’aménagement d’un chantier de 1 800 m². Car si la fédération est rompue depuis des années aux opérations de maitrises d’ouvrage sur SAE, la conduite des travaux au CNSD fut un véritable défi. Nous avons été face aux problèmes de plomberie, de peinture, de maçonnerie, de charpente, etc. Nous avons encore quelques difficultés pour aller au bout de ce chantier. Mais tout devrait rentrer dans l’ordre avant la fin de l’année. Enfin, nous entrons désormais dans la troisième phase, l’exploitation de Karma, qui va, c’est certain, entrainer son lot de complications et d’imprévus. Nous allons les découvrir avec l’équipe sur place, et c’est un sacré challenge pour Marine Souche, la responsable de l’équipement.
Qui constituait l’équipe de départ qui a planché sur ce projet pendant ces cinq ans de gestation ?
L’équipe de travail initiale était pilotée par Daniel Coisy. Elle était au départ composée par Vincent Maratrat, Marco Minoggio (CTF correspondant SAE) et moi-même. Puis, aux dernières élections fédérales, Rémy Moutardier est élu vice-président en charge de la gestion des affaires. Il nous rejoint sur ce dossier épineux. Bref, une équipe de cinq personnes qui ont vraiment mouillé la chemise sur ce chantier. Nous avons tous travaillé dans le même sens, de façon passionnée, et il fallait l’être pour mener à bien ce projet !
Cette petite équipe a également été rejointe par Marine Souche qui dès son arrivée nous a apporté sa vision, sa rigueur et son dynamisme dans cette dernière ligne droite. Elle a travaillé sur tout le back-up de la mise en service ; règlement intérieur, conditions d’utilisation, formation des personnels d’accueil, prise en main du logiciel de gestion, relations administratives avec le siège, création du site internet…..j’en oublie !
Tout le personnel du siège fédéral a participé. Karma est un nouveau vrai dossier avec de nouvelles procédures. Une salle d’escalade est aussi et peut-être surtout un dossier financier, administratif, fiscal, social, communication…
Et côté technique, qui sont les ouvreurs de Karma?
Il ne faut, en effet, pas oublier un des secteurs phares de la vie d’une salle d’escalade, la partie la plus visible et passionnée : l’ouverture des voies et des blocs. Le travail effectué a été fait dans une ambiance vraiment sympa et ce malgré les contraintes de chantier. Aussi bien des cadres de la fédération que Jérémy Bonder ou Jacky Godoffe ont participé. Que d’expériences différentes et riches sur un même équipement. Tous ont fait preuve d’un engagement sans faille. C’est la condition indispensable de la réussite de ce projet.
Enfin un dernier mot sur ceux qui ont rendu possible Karma. Il s’agit des élus de la FFME sans qui rien n’eut été possible. Le conseil d’administration, le bureau fédéral et le Président nous ont toujours fait confiance, depuis le premier jour sur cet ambitieux projet. Cette association élus/professionnels et ce mode de fonctionnement permettent de réaliser de belles entreprises.
Le défi de l'ouverture de la salle a-t-il été similaire à l’organisation d’un championnat du monde à Bercy ?
En quelques sortes oui, au niveau de l’intensité et de l’implication, sauf que Bercy ne dure que 15 jours, le montage de Karma s’étale sur dix mois. Aujourd’hui, nous avons tous le nez dans le guidon, et nous vivons chaque difficulté intensément, trop sans doute. Cela dit, d’ici un petit mois, tout devrait être réglé. Par ailleurs, depuis l’ouverture, nous passons petit à petit le flambeau à l’équipe dynamique d’exploitation que la fédération a embauchée.
Karma est-elle la seule installation du CNSD ouverte au grand public ?
Non, elle est la seule qui se trouve géographiquement à l’extérieur de l’enceinte militaire, mais toutes les autres installations sont ouvertes au public. Elles sont toutes gérées par la société Carilis (spécialisé dans la gestion d’installations sportives « conventionnelles ») et s’intègrent dans un complexe sportif nommé Citésports.
Les grimpeurs pourront ainsi faire un tour à la piscine ou au fitness après leur séance ?
Oui, et ils pourront également être logés, se restaurer, etc. Ce qui constitue un grand intérêt pour la FFME, nous pouvons nous appuyer sur ce partenaire pour accueillir de la meilleure des manières toutes sortes de stages, de séminaires, pour proposer des journées aux activités variées. C’est d’ailleurs un projet fédéral que de pouvoir recevoir à Karma ses adhérents, ses associations et ses comités.
Quels concepts se cache derrière ce nom de Karma ?
Nous avons eu un petit brainstorming sur le sujet. « Karma » rassemble nombre d’idées, c’est le nom d’un 8a mythique dans la forêt de Fontainebleau et c’est aussi un mot connu et prononçable dans toutes les langues, qui fait référence à un certain esprit, un côté un peu spirituel, en cohérence avec notre pratique.