Aviez-vous déjà fait équipe par le passé ?
Oui, aux Championnats du monde à Pelvoux en 2013 et à Verbier en 2015 où nous remportions 2 fois de suite le titre de championne du monde par équipe.
Qu'est-ce qui vous a convaincu de réitérer l'expérience cette année sur la Coupe du monde longue distance ?
Cela faisait plusieurs hivers qu'il était question de faire équipe sur la Pierra Menta. Cette année, il semblait que ce soit le bon moment pour nous deux. Courir ensemble était l'opportunité de créer une équipe nationale forte. Et de faire plus ample connaissance, car malgré le fait que nous nous côtoyons tout l'hiver au sein de l'équipe de France, nous nous connaissions assez peu finalement.
Considérant la blessure d'Axelle, est-ce que ce n'était pas un pari risqué ?
Si ! Ce fut une longue réflexion ! Moi qui aime prévoir, planifier, anticiper, c'était dur de se projeter. Je n'avais aucun doute sur la forme physique d'Axelle. Je savais qu'elle avait travaillé beaucoup durant sa blessure pour maintenir, voire même améliorer sa forme physique. Mais nous ne pouvions pas contrôler la consolidation osseuse, ni même savoir vraiment le degré d'avancement de celle-ci.
Je savais qu'elle avait une volonté et une détermination implacables qui lui permettraient d'être au top niveau dès son retour. Mais pour être franche, je n'étais vraiment pas sereine au début. Je n'avais pas envie de passer à côté des Grandes Courses - et notamment de la Pierra Menta - étant donné que mon début de saison en Coupe du monde individuelle avait été compliqué par ma propre blessure. Et j'avais vraiment à cœur, pour la gendarmerie et l'Armée de champions qui me soutiennent, de faire de beaux résultats sur la deuxième partie de saison.
Cette équipe 100% tricolore, réunissant les deux meilleures skieuses-alpinistes françaises du moment, avait-elle une saveur particulière pour toi ?
Bien sûr ! C'était même une des motivations principales. Faire une équipe nationale forte et capable de tout gagner. Par rapport à mon statut de sportive de haut niveau de la Défense, c'était pour moi une belle opportunité de représenter mon pays.
Avez-vous pu préparer les courses ensemble ?
Nous n'avons pas franchement eu le temps étant donné qu'Axelle a commencé à refaire du "vrai ski-alpinisme", deux jours avant l'Altitoy. Au début, nous ne pensions pas pouvoir faire cette course. Cela semblait beaucoup trop tôt pour Axelle. Finalement, nous avons décidé de la faire comme un entraînement avant la Pierra Menta (les deux jeunes femmes y prendront finalement la médaille d'or, ndlr).
Comment se sont passées vos relations pendant les courses ? Est-ce que vous aviez des rôles assignés ?
Ça s'est très bien passé. Nous n'avions pas besoin d'échanger beaucoup, car ça semblait bien aller pour chacune. Seules quelques rares paroles dans les moments durs pour chercher un peu de réconfort ou pour s'adapter l'une à l'autre aux conditions de course (météo, etc.), aux sensations et aux situations (départ, plat, "peloton", passage à pieds, etc.).
Nous n'avions pas de rôles assignés, hormis peut-être en descente, où je passais devant pour chercher et montrer la meilleure trace afin de faciliter la tâche à ma coéquipière. En montée, nous avons alterné devant. Nous n'avons jamais eu à utiliser l'élastique pour nous entre-aider. C'est agréable et "confortable" d'avoir une équipe homogène en montée. Nous avons la plupart du temps pu contrôler nos efforts et gérer nos courses.
Le leadership était-il bien réparti ? Y avait-il une bonne dynamique ?
On pourrait penser qu'avec mon expérience c'était moi qui "manageais" notre équipe. Malgré son jeune âge, Axelle gère très bien l'avant course et la course en elle-même, notamment la gestion du rythme par rapport à la distance. Je pense que sa motivation et sa détermination à gagner pour la première fois une Pierra Menta, un Tour du Rutor ou une Altitoy étaient tout aussi importantes pour la dynamique de l'équipe que l'expérience que je pouvais apporter. Pour ma part j'ai essayé d'amener tout ce que je pouvais à notre binôme. Ce fut une expérience dont je ressors grandie.
Vous avez remporté chacune des étapes des trois courses de la Coupe du monde longue distance par équipe cette saison. Qu'elle a été votre stratégie ? Partir fort et mener de A à Z ?
Nous savions que nous avions les capacités de gagner. Notre point faible était la descente, donc l'objectif était de prendre de l'avance dès la montée pour ne pas avoir à prendre de risques en descente.
Qu'est-ce que l'on ressent lorsque l'on se détache si nettement de la concurrence ?
Ça apaise et ça rassure après nos blessures et nos périodes de convalescence. Et ça confirme qu'une période de repos est toujours bénéfique.
Qu'est-ce qui a été déterminant – avec un peu de recul – pour votre équipe cette saison ?
Je pense que notre mental et la confiance que l'on a montré l'une envers l'autre sont significatifs dans l'histoire de notre équipe. Chacune de notre côté, nous avons su trouver la force de nous entraîner dur, malgré nos saisons compliquées par nos blessures. Nous avons cru en cette équipe !
Retenterez-vous l'aventure ?
Nous avons un titre mondial à défendre l'année prochaine...
