Le DEJEPS mention « Escalade » est un diplôme professionnel remplaçant l’ancien Brevet d’Etat d’Educateur Sportif, et formant des professionnels parmi les plus polyvalents sur le marché de l’escalade, opérationnels dès leur recrutement dans tous les champs d’activités des clubs et de la fédération.
Rencontre avec Cédric Cruaud, cadre technique fédéral, coordinateur du DEJEPS à Voiron et Sandrine Van Landeghem, cadre technique fédérale, coordinatrice du DEJEPS à Paris.
Depuis quand le DEJEPS a-t-il remplacé le BEES ? Qui a initié ce changement ?
Sandrine Van Landeghem : L’ensemble des Brevets d’Etat d’Educateur Sportif a été progressivement réformé par le ministère à partir de 2006. Pour l’escalade, le décret a été publié le 29 décembre 2011.
Cédric Cruaud : L’un des objectifs de cette réforme était d’avoir une « approche-métier » afin de répondre aux besoins des emplois sur le terrain. La fédération a été particulièrement active sur ce dossier, avec comme objectif de permettre aux jeunes grimpeurs de devenir des professionnels de l’escalade.
Deux DEJEPS ont été créés pour remplacer l'ancien BEES, quels sont-ils et quelles sont leurs différences ?
CC : D’un côté, nous avons le DEJEPS mention « Escalade » spécialisé sur l’enseignement, l’entraînement et le développement de structure, et d’un autre côté, le DEJEPS mention «Escalade en milieux naturels » très généraliste.
SVL : Le DEJEPS mention « Escalade » est celui que la FFME a choisi de former, car il forme des professionnels particulièrement polyvalents, focalisés sur la progression et la conduite motrice en escalade (il va du baby escalade au sport de haut niveau), et sur le développement et la gestion de structures. Le DE « milieux naturels » est principalement centré sur l’accompagnement en grandes voies.
Pourquoi la FFME s'est-elle axée sur le DEJEPS ?
CC : C’est un diplôme de niveau 3 (équivalent à un bac +2). La FFME s’est positionnée sur ce créneau pour répondre aux besoins de la grande majorité des employeurs de ce domaine (clubs, salles spécialisées, collectivités territoriales).
SVL : Formés par la FFME, qui est la fédération délégataire de l’activité, nos diplômés du DEJEPS mention « Escalade » véhiculent les dernières connaissances et compétences de l’activité. Bref, ils ont un haut niveau d’expertise dans l’activité escalade.
Quels enseignements suivent les stagiaires ? Sur combien d'heures de formation au total ?
CC : La formation est très complète. Elle se déroule en deux parties.
Une première partie est centrée sur le cœur de métier : l’escalade. Cette partie couvre toutes les facettes de l’activité, depuis la sécurité en initiation, jusqu’à l’entraînement dans toutes les disciplines de l’escalade, sur SAE comme sur SNE (bloc ou dans la limite de la première longueur), pour tous les niveaux et tous les publics.
La seconde partie regroupe des compétences de gestion, management, communication, élaboration et suivi de projet.
SVL : Cela représente à peu près 1200h, dont une moitié s’effectue en centre de formation avec des intervenants spécialisés (formateurs spécialisés, entraîneurs nationaux, cadres de la FFME) et une autre en entreprise, au sein d’une structure associative ou privée.
Pour quels types d'emplois ces professionnels sont-ils formés ?
CC: Ces professionnels sont particulièrement formés pour travailler dans les clubs, CD et CR de la FFME, ainsi que dans les salles privées ou collectivités territoriales qui recherchent des professionnels capables d’encadrer et de développer l’activité ainsi que la structure. Ce qui n’empêche pas certains jeunes diplômés ambitieux de monter leur propre boite.
SVL : Ce qu’il faut retenir, c’est que ces DEJEPS mention « Escalade » sont très polyvalents. Ils peuvent encadrer, entraîner, gérer et développer une structure, endosser les rôles de moniteur, entraîneur à tous les niveaux et tous les âges. Et en même temps, être gérant ou chef de projet. Les mention « Escalade » ont un niveau de formation bien supérieur aux diplômes fédéraux, c’est un diplôme professionnel.
Combien de détenteurs du DEJEPS mention « Escalade » ont déjà été formés par la FFME ?
CC: Vingt-six personnes ont été formées sur les deux premières sessions de Voiron. De plus en plus de stagiaires organisent leur formation sur deux voire trois ans, notamment ceux qui ont déjà un emploi dans ou hors du milieu de l’escalade.
Quels types d'emploi occupent-ils aujourd'hui ?
SVL : Nous avons remarqué que l’insertion professionnelle en fin de formation est excellente, la majorité des stagiaires terminent la formation avec un contrat en poche (CDI ou CDD). Par ailleurs, l’emploi est très varié. Si une majorité des diplômés est embauchée en structures fédérales (Club, CD et CR), et en salles privées (Le Mur de Lyon, Block Out, …), certains sont recrutés à l’étranger, d’autres créent leur propre entreprise, avec l’exemple de la salle privée de Benoît Lacroix à la Rochelle, ou encore de l’agence Globe Climber (cf. témoignage à la page suivante).
Où peut-on se former ?
CC: A Voiron, dans les locaux de Tremplin Sport Formation et du Pôle France.
SVL : Ou à Fontainebleau, à Karma et au Centre National des Sports de la Défense, ainsi qu’avec le Creps Sud-Est (Aix en Provence/Bouloris) qui travaille en partenariat avec la FFME.
Quel en est le coût, et les différentes modalités de subventions ?
SVL : A Voiron comme à Paris il faut compter 8400 € pour la formation complète de 630 heures en centre, hors charges d’hébergement et de restauration.
CC : Mais il existe de nombreuses possibilités d’allègement, ainsi que diverses aides financières disponibles. Pour les salariés, par exemple, adressez-vous à votre employeur qui vous orientera sur une source de financement (CIF, période de professionnalisation ou contrat de professionnalisation). Pour les demandeurs d’emplois, orientez-vous vers Pôle Emploi, le Conseil Régional et/ou Départemental. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas non plus à prendre contact avec le service formation de la fédération.
SVL : Ce dispositif offre aussi une possibilité peu utilisée par nos structures fédérales, à savoir former ses futurs professionnels. Il est aujourd’hui possible de préparer un jeune grimpeur pour entrer en formation DEJEPS et lui proposer un contrat en alternance ou un emploi d’avenir. Ceci permettra au jeune de bénéficier d’une prise en charge de sa formation et pour l’employeur cela permet d’avoir un professionnel qui connait bien la structure et qui est impliqué sur le territoire.
