C'est une préoccupation qui n'a pas attendu les qualifications de la vitesse sur le mur d'Arco pour tracasser l'entraîneur national : « il est évident que j'aimerais pouvoir emmener plusieurs compétiteurs dans chacune des catégories. Mais trop peu de jeunes grimpeurs en France ont aujourd'hui le niveau pour être compétitifs dans un championnat du monde. Et pour que cela reste une expérience intéressante, il faut au moins que le sélectionné ait le potentiel de se qualifier pour les phases finales. »
Un constat qui pousse le sélectionneur à envisager plusieurs pistes pour que la vitesse soit mieux représentée dans le futur sur les grands rendez-vous. « Cela passe bien sûr par une politique fédérale, que nous sommes entrain de mettre en place », explique le cadre de la FFME, qui insiste notamment sur la création de mesures incitant les clubs à développer cette discipline de l'escalade dans leurs programmes. « Mais pas seulement : je pense que les bons résultats de nos champions - Anouck Jaubert en tête - et la perspective du combiné aux Jeux Olympiques, peuvent pousser des jeunes à s'investir plus dans la vitesse... »
Mais ces considérations n’influent en rien – selon l'entraîneur – sur la valeur du groupe France de cet été : « une très grande motivation et beaucoup d'émulation : les Réunionnaises de l'équipe avaient – par exemple - fait l'effort de venir bosser un mois avec nous à Voiron. Cela a payé sportivement et a renforcé le groupe. C'est une saison très positive sur ces aspects et quant à parler des résultats, tous les membres de l'équipe ont fait des belles places au niveau international à un moment ou un autre en 2015. »
Elma Fleuret, en or chez les cadettes
Mais revenons à Arco. Car ceux et surtout celles qui avaient pu faire le déplacement n'ont pas déçu. A commencer par celle qui s'empare de l'or chez les cadettes : la très prometteuse Elma Fleuret. « Elle est depuis des années une des grimpeuses en forme de l'équipe. Premier problème – qui n'en est pas un en réalité – elle est très polyvalente. Elle fait aussi bien du bloc que de la vitesse. Mais elle a décidé de se concentrer sur cette deuxième discipline et cela a payé. Son autre « faiblesse » jusque-là était la gestion de la compétition. On a travaillé ça dans sa préparation et à Arco, elle a complètement laissé ce soucis derrière elle : elle a été d'une constance impressionnante, signant même en quart de finale la meilleure performance de la compétition dans sa catégorie », raconte Sylvain Chapelle.
Bravo Elma, on espère dès la saison prochaine te voir encore plus haut ! « Elle incarne – avec d'autres – le futur de l'escalade de vitesse et je lui souhaite dès 2016 de parvenir à se qualifier dans quelques étapes du circuit senior : elle en a les capacités ! »
Si Elma est la seule Française médaillée, Lucile Saurel ne passe pas loin du podium en minime. « Elle fait partie de celles qui ont travaillé dur cet été : elle est restée trois mois à bosser à Voiron. Elle a de bonnes capacités, et si ça n'a pas payé à Arco, sa 4e place reste un signal fort pour la suite. »
Lucile ne bat d'ailleurs l'autre Française de la sélection des minimes filles que d'un rang au classement final : « Jennifer Bonnet ne s'est mise sérieusement à la vitesse que cette année. Elle est très réfléchie et fait très peu d'erreurs. Et même si elle ne réalise pas encore les temps de pas mal de ses concurrentes, elle trouve sa place dans l'élite grâce à sa régularité. Maintenant qu'elle a intégré le pôle, on devrait pouvoir l'aider à améliorer ses performances, tout en continuant à profiter de sa régularité », explique l'entraîneur national.
N'oublions pas Fanny Techer, qui termine 11e, toujours dans cette même catégorie. « Ce classement reflète son niveau actuel, ce qui ne veut pas dire qu'elle n'est pas capable de signer de très belles performances au plus haut niveau : elle l'a encore prouvé cette saison en prenant l'argent à la Coupe d'Europe jeunes de Imst (AUT). »
Au pied du podium en juniors filles
Aurélia Sarisson est une autre grande espoir de l'équipe de France. La junior - qui participait cette année à ses premières coupes du monde senior - avait toutes les capacités pour faire un podium, « et même pour aller chercher l'or », assure Sylvain Chapelle. Mais un été compliqué et une forme retrouvée tardivement ne lui ont pas permis d'aller chercher une médaille.
« À Arco, elle se sentait loin de son niveau de forme. Elle fait pourtant de très bons temps en qualifications et dans les premiers tours des phases finales. Malheureusement, elle manque de confiance pour aller chercher le podium, face à des filles qu'elle a pourtant déjà battues. » Malgré sa 4e place, Sylvain Chapelle l'assure, Aurélia reste une des espoirs de la sélection tricolore.
Deux tops 10 en junior complètent la fiche de résultats de la sélection tricolore : Victoire Andrier termine à la 10e place, « une très belle performance pour Victoire, qui vient de loin et qui a énormément progressé cette saison », et Margaux Deschamps finit à la 9e place, « c'est moins positif pour Margaux, qui a les moyens d'aller plus vite mais qui a stagné cette année. On est en train de changer sa méthode d'entraînement, cela prend du temps... ».
Seul garçon à représenter la France à Arco, le junior Pierre Rebreyend termine à la 15e place. « Chez les garçons, le niveau est beaucoup plus dense que chez les filles, et la moindre erreur ne pardonne pas. Par exemple à Arco, ils sont 4 grimpeurs dans le même dixième rien que dans les qualifications, c'est très serré. Pierre a beaucoup progressé cette année. Et même s'il n'est pas récompensé à Arco, je suis confiant pour la suite : il a le potentiel de se battre avec les plus rapides. » D'Arco, en plus de bons résultats, l'équipe de France de vitesse a aussi ramené de belles promesses d'avenir !