Et bien à écouter l'entraîneur national égrainer une à une les performances de ses Bleuets, il fait peu de doute qu'il les tient en grande estime ses petits protégés. Et quand vient le moment de dresser le bilan, de statuer sur la valeur de ce groupe de 10 grimpeurs rompus aux exigences de certains des tracés les plus durs au monde, on en arrive à déceler une certaine émotion dans la voix du sélectionneur.
« Franchement, le groupe a été exemplaire. Dans la cohésion, tout d'abord, j'ai vu dix compétiteurs engagés dans une quête commune de performance. Mais aussi dans les résultats, ils se sont tous qualifiés pour le deuxième tour et six d'entre eux ont pris part à la finale. Aucune autre nation n'a fait mieux. Au tableau des médailles, on ramène autant de breloques qu'en 2014. Mais les métaux sont cette saison plus précieux. »
Alors bien sûr, tout n'est pas parfait. Daniel du Lac n'a rien d'un bisounours. « Je suis déçu et regrette sincèrement de ne pas avoir pu emmener de minime fille et de cadette. Et puis il y a eu des contre-performances, c'est inévitable sur un grand championnat. Mais cela n'a pas nuit à l'ambiance dans le groupe : les grimpeurs en forme ont soutenu les athlètes déçus. Et réciproquement dans les moments clés. »
10 grimpeurs, 10 demi-finalistes, 6 finalistes, 3 médaillés, 1 champion du monde
Et celui – encore si jeune – qui est monté sur le toit du monde cette année s'appelle Sam Avezou. Mais n'allons pas trop vite en besogne. Le minime n'avait pas fait un premier tour extraordinaire, « on a même eu une grosse frayeur (il prend la 9e place en qualifications, ndlr). Mais il a déjà un mental de champion et beaucoup d'orgueil. » Il se ressaisit dès la demi-finale : il rejoint Harold Peeters (BEL) au 48e mouvement et signe la meilleure performance du deuxième tour.
En finale, fort d'une grimpe inspirée, il enchaine 45 mouvements, et finit à bout de « rési » par chuter. Le Belge Peeters, dernier à prendre pied sur le mur, ne fera pas mieux : Sam Avezou est champion du monde minime de difficulté 2015 ! « Enormément de panache en finale, il a bluffé tout le monde ! », se souvient Daniel du Lac.
Mais il n'est pas le seul dans cette catégorie à montrer de belles choses. Léo Ferrera – 4e – a su prendre sur lui après sa 10e place en bloc. « Ça n'a pas été facile, mais il a su poser sa grimpe. Il a montré une grande maturité en trouvant son chemin jusqu'au pied du podium... » Pierre Le Cerf était lui aussi sur le mur de finale des minimes. Si une erreur technique le prive d'une belle marque sur ce dernier tour, Daniel du Lac l'assure : « on entendra encore parler de lui. C'est un garçon plein de fraîcheur qui devrait montrer de belles choses dans le futur. »
Et puis n'oublions pas Nathan Martin, qui – s'il n'était pas du dernier round – « a été à un cheveu de prendre son ticket pour la finale. » Daniel d'expliquer : « Nathan est minime première année. C'était son premier grand championnat. Il aura bien d'autres occasions de briller. »
Une grande densité chez les minimes garçons... et les cadets !
Arsène Duval (11e) et Nao Monchois (25e) ont vu leur aventure italienne s'arrêter en demi-finale, « Nao n'a pas réussi à trouver son rythme dans ce championnat, mais il est assurément un des grands espoirs dans sa catégorie d'âge. Quant à Arsène, il a du faire face à pas mal de changements cette année, il lui reste encore quelques ajustements à effectuer. »
Un troisième grimpeur en bleu trouvait lui son chemin jusque dans le dernier tour : si Hugo Parmentier chute plus tôt que l'Italien Stefano Carnati (argent) et que le Suisse Sascha Lehmann (or), tout s'est joué sur deux mouvements. Le tiercé de tête ne vainc pas le crux de la voie : Hugo est en bronze et n'est pas passé loin de l'exploit ! « Il a fait une saison intelligente en se concentrant sur le circuit jeunes et en ne participant pas à toutes les étapes de Coupe du monde senior. Etapes pour lesquelles il était pourtant sélectionné. À Arco, il a fait un très beau parcours, avec ses deux médailles de bronze, en bloc et en difficulté et sa médaille d'argent sur le combiné. »
Des juniors filles pas loin des meilleures
En junior, si Nathan Clair doit se contenter de la 14e place, « il est dans une année de transition et n'a pas réussi à totalement se libérer dans cette compétition », chez les filles, Julia Chanourdie et Salomé Romain grimpaient pour l'or. Salomé, au terme d'une prestation combative, accroche la 5e place, « c'est une grimpeuse qui est parfois sur un nuage, comme dans sa deuxième voie de qualification où elle a été magistrale. Et puis d'autres fois, elle veut trop bien faire et subit un peu. Je continue à croire en son potentiel ! »
Julia Chanourdie – de son côté – célèbre de la meilleure des manières son dernier championnat du monde jeunes : elle enchaine 47 mouvements et prend solidement la médaille de bronze, juste derrière Jessica Pilz (AUT) et Anak Verhoeven (BEL), deux des meilleurs grimpeuses au monde. Sa première poursuivante, la Suédoise Rosen chutait 10 mouvements plus tôt ! « Julia a été très constante dans ce championnat. Il lui faut juste encore un peu de temps pour aller chercher les meilleures, pour trouver les bons leviers. Mais ne vous y trompez pas : elle a un potentiel énorme. »
Un groupe exemplaire
Comment ne pas terminer sur ce constat de l'entraîneur français : « ce groupe d'Arco a montré un comportement exemplaire, soudé et fier de représenter la France. Ce sont des jeunes appliqués, volontaires. De belles attitudes qui promettent de belles choses pour l'avenir ! »