Toutes les pratiques de montagne ont un point commun : elles se déroulent toutes dans un environnement – précisément – hors du commun. Vous êtes nombreux à connaître la définition d'un sérac et d'une rimaye. De reconnaître en quelques millisecondes la composition géologique du rocher d'escalade que vous vous apprêtez à grimper. En montagne, vous ne pouvez vous empêcher d'éduquer tous ces randonneurs impies : « excusez-moi – manant – vous faites une confusion certes commune, mais non moins grossière : ce n'est pas un chamois que vous tentez de photographier, mais un bouquetin. »
Mais savez-vous ce qui se passe sous vos pieds lorsque vous délaissez vos chaussons d'escalade pour enfiler votre combinaison de canyonisme ?
Apprenez à comprendre votre milieu
Localisation dans l'espace, première leçon : un milieu possède 4 dimensions. Qu'est-ce que cela implique quant à comprendre un canyon ? Il s'agit de commencer par se repérer dans son environnement.
La base. Un cours d'eau s'évalue aussi bien par son évolution de la source à l’embouchure (dimension longitudinale) que dans ses déplacements entre ses différents lits (dimension latérale). Mais il s'apprécie aussi par sa dimension verticale (échanges entre le cours d'eau et sa nappe d'accompagnement) et par sa dimension temporelle (son évolution au fil du temps, des saisons).
Pas tout saisi ? Comment vous blâmer... Un petit coup d’œil au schéma devrait éclaircir tout ça.
Découvrez un nouvel écosystème
Leçon n°2 : un écosystème est composé d'une biocénose et d'un biotope. Limpide n'est-ce pas ? Non ? On reformule. Un environnement connaît une faune et une flore. Toujours pas ? Bon, dans la nature, il y a des animaux et des plantes. C'est bon ?
Bon. Et bien en canyon, comme dans tous les milieux, ces deux composantes évoluent en symbiose (il ne peut y avoir l'un sans l'autre). Et particularité dudit environnement, il évolue très vite. Pourquoi ? On vous le donne en mille ? Parce que dans un canyon, il y a du courant. Ce qui rend ce milieu – si cher à vos yeux – d'autant plus fragile.
Prenez par exemple la fraie (la période de reproduction) des truites fario. Ces poissons que l'on rencontre souvent en torrent ont une manière de se reproduire assez originale. La truite – grâce à une posture pour le moins audacieuse – constitue un monticule de cailloux au sein duquel elle va protéger ses œufs. Un « dispositif » aisément reconnaissable qu'il convient d'observer à distance pour ne pas perturber son déroulement.
Apprenez à connaître vos hôtes
Vous ne les voyiez pas toujours - et puis entre un rappel de 15m et un saut de quelques mètres - vous avez peut-être autre chose à penser. Pourtant ils sont nombreux et gagnent à être connus. Ils sont vos hôtes, ceux qui vivent dans ce milieu tumultueux qu'est le torrent. Commençons par là : ils se répartissent en deux grandes catégories, les vertébrés et les invertébrés. Comprendre, ceux qui ont une colonne vertébrale et ceux qui n'en ont pas. Tout simplement. Si les premiers sont les plus visibles, les seconds sont en fait les plus nombreux. Rendez-vous compte, selon le cours d'eau, on a pu recenser entre 500 et 5000 individus au mètre carré. Où sont-ils ces milliers d'êtres vivants vous demandez-vous légitimement ? Et bien au fond de l'eau, entre les cailloux, les plantes ou les sédiments.
Mais ils ne restent pas immobiles, la plupart des espèces aiment à dénicher de nouveaux lieux. C'est la dérive volontaire : ils se laissent prendre par le courant et s'en vont vers d'autres horizons. Quant à leur durée de vie, ils ne font pas de vieux os, sans mauvais jeux de mots : entre quelques jours et quelques mois, la dernière partie de leur existence étant dédiée à la reproduction.
Lorsque vous descendez le torrent, n'oubliez pas, vous n'êtes pas seuls
S'il y avait une seule chose à retenir, ça serait certainement celle-là : dans un torrent vous n'êtes pas seuls. Apprenez à pratiquer votre activité sans détériorer votre environnement. Le connaître, n'est-ce pas l'aimer encore un peu plus ?