Si elle n'en était pas à son coup d'essai, avec A la Verticale de soi, Stéphanie Bodet l'affirme avec force : la littérature a une place aussi importante que l'escalade dans sa vie. Celle qui brillait sur les murs de Coupe du monde dans la fin des années 90 - en même temps qu'elle préparait son CAPES de lettres - n'a jamais voulu résumer sa vie à celle d'une sportive de haut-niveau. « J'avais besoin d'une activité intellectuelle en parallèle. De quelque chose qui m'ouvre d'autres horizons. » Elle a trouvé la littérature.
A la Verticale de soi est le 2e ouvrage de celle qui prenait l'or en Coupe du monde de bloc en 1999. Et si l'on croise ici ses performances de grimpeuse à sa passion des mots, ce n'est pas un hasard. C'est que pour Stéphanie Bodet, ces deux ambitions ont toujours été liées. Quand elle tirait trop loin d'un côté, l'autre venait à son secours, comme une évidence.
« Après la compétition, je me suis lancée dans de nombreux projets sur le rocher. Nous avons écumé les falaises avec Arnaud (Arnaud Petit, le mari de Stéphanie, ancien compétiteur de haut-niveau lui aussi, ndlr). Et à 34 ans, je me suis fixée deux gros objectifs extrêmes sur le rocher. Cela a été un échec. Avoir à les surmonter fut un tournant dans ma vie : j'ai décidé de me lancer dans une démarche beaucoup plus contemplative de ma pratique. J'ai découvert le yoga. Et j'ai commencé à avoir envie d'écrire ce qui m'a amené à cette réflexion », raconte-t-elle.
Stéphanie Bodet se lance alors dans le récit de son parcours. Un récit qu'elle croise d'abord avec celui d'Arnaud. « Mais je me suis vite rendue compte que ce n'était pas mon rôle. Si Arnaud veut un jour raconter son histoire, il peut le faire. Il fallait que je trouve ma place de narratrice », se souvient l'écrivaine. Elle y est finalement parvenue. A la verticale de soi est une autobiographie qui relate plusieurs périodes clés de la vie de Stéphanie Bodet. Elle se souvient d'abord de cette enfance … Puis le lecteur partage avec elle ce qu'elle appelle « ses années folles ». La compétition, le haut-niveau... « C'est vrai que l'autobiographie est un exercice intime. Mais je n'ai pas eu trop de mal à me raconter, à être totalement honnête sur ce que j'étais. La jeune femme que je décris appartient au passé. Je suis assez détachée d'elle. Cela ne m'a pas posé de problème de la figer sur du papier. Moi j'ai évolué », confie-t-elle.
Ses motivations d'auteur, elle les trouve dans le partage. « Bien sûr que ce livre est une forme d'aboutissement personnel. Mais c'est surtout une façon de rendre ce que l'on m'a donné : la littérature m'a tellement apporté ! » Et les critiques alors ? « Elles me touchent, qu'elles soient positives ou négatives. Je suis très sensible. Même si sincèrement, au fond, j'écris pour moi et n'ai pas grand-chose à prouver », assume-t-elle.
« Après presque une année d'écriture, j'ai à nouveau envie de m'investir dans la grimpe. Même si j'ai déjà d'autres idées pour un nouvel ouvrage. Reste à voir si je me lancerai... », conclut Stéphanie Bodet.
« A la Verticale de soi de Stéphanie Bodet redonne à la littérature alpine une fraîcheur et une intensité que l’on croyait perdues. » La critique vient de Jean-Christophe Rufin, Prix Goncourt 2011 et amoureux de la montagne. « (…) Voici le retour de la poésie et de la sensibilité, sans rien de morbide ni de naïf, avec la puissance d’un témoignage et la virtuosité d’un écrivain. » Nous ne saurions le contredire : A la vertical de soi est certainement le livre de montagne le plus abouti de cette année. Ce n'est pas l'œuvre d'une grimpeuse qui raconte sa vie sur les falaises, mais bien celle d'une écrivaine qui partage avec vous son histoire hors du commun. N’hésitez plus : vous avez trouvé votre nouveau livre de chevet !