Ils ont été victimes de leur succès. Dans un premier temps tout du moins. Car passer la barre des 140-150 licenciés a été un cap pour les clubs d'escalade de Saint Lô et d'Avranches. « Avant nous ne fonctionnions qu'avec des bénévoles. Mais c'est devenu compliqué avec autant de monde... », explique Antoine Brossault, président du club d'Avranches. D'autant que les deux clubs ont des projets. Beaucoup de projets. « A Saint Lô, la création d'une école d'escalade a presque fait doubler le nombre de nos licenciés. Les bénévoles qui animaient les séances ont vite été débordés », témoigne Arnaud François, le président du club de Saint Lô. Il en va de même pour Avranches.
Pour les deux clubs voisins, cette solution s'appelait Adrien Bourget. « Nous avions besoin de nous professionnaliser. Mais pour une association, passer le cap de prendre un salarié est difficile à franchir. On s'est dit qu'à deux, cela serait beaucoup plus facile », poursuit Arnaud François.
Le remède miracle a pris la forme d'un groupement d’employeurs. Les deux clubs se sont affiliés au groupement qu’ils ont créé spécifiquement pour cela. Ce groupement a pu employer Adrien, qu’il met à disposition à chacun des deux clubs de manière équitable. « On s'est mis autour d'une table et on a posé les choses. Il ne s'agissait pas de casser ce qui a été fait jusque-là, mais d'aller plus loin ensemble, en bonne intelligence. Chacune de nos deux structures reste un club à part entière. Concrètement, on s'est accordé en fonction des contraintes de chacun, tout en se gardant la possibilité d'adapter l'emploi du temps d'Adrien si des besoins ponctuels surviennent. On s'arrange quoi... », assure Antoine Brossault.
Le groupement d’employeurs ainsi constitué a pu bénéficier d’une aide fédérale PST, accessible aux clubs labellisés qui souhaitent professionnaliser leur école d’escalade.
Qu'en pense Adrien de ce statu quo ? « Ses retours sont très positifs. C'est très enrichissant pour lui de travailler sur deux structures. Cela décuple les projets, les acteurs, les moyens. Bien sûr, le fait que nos visions de la pratique en club soient proches aide à ce que cela fonctionne », explique le président d'Avranches.
Côté clubs, cette professionnalisation a permis de voir plus loin. D'affiner l'encadrement bien sûr, mais aussi de développer des stages, de réaliser plus de sorties en sites naturels et de mettre en place des initiatives à destination des scolaires, grâce à un mur d'escalade mobile. Le tout très souvent de manière conjointe entre les deux structures. Un seul mot d'ordre : mutualiser les ressources pour aller encore plus loin ! « Pour tout dire, cela fonctionne tellement bien que nous réfléchissons à embaucher un 2e salarié au sein de notre groupement d'employeurs... », conclut Arnaud François. Alors, on se professionnalise ?